“Sous les pavés la forêt”
Lauréat Concours Place au son 2068 Semaine du son à l’UNESCO
“Une manière subtile de réintroduire le vivant et ses productions sonores au plus prés de nos habitats. Grande finesse du graphisme finement articulés à la maquette sonore de 2068“
Synopsis
Le soleil s’est couché dans le courant du présent. La nuit s’est déposée sur la place, voile la frontière du trottoir. Elle est avide de l’imagination, de la déduction spatiale qui avec l’obscurité éclaire chacun de nous. Les yeux d’une faune urbanisée envahissent progressivement la place. Les cris, les chants résonnent doucement. La ville oscille désormais entre une activité diurne humaine et un vagabondage nocturne animal. L’harmonie est-elle devenue souveraine ? Des radars stridents repoussent des habitats les bêtes dociles et guident le flux des assoiffés: le contrôle de ce monde sauvage est omniprésent.
L’aube se lève. Les êtres sauvages ne traversent plus la place, ni aucun des quartiers insulaires. Ils les détournent en empruntant des bandeaux forestiers. Ces mêmes bandeaux ont fait l’objet de grandes opérations de démolition pour un grand nombre de métropoles, il y une dizaine d’années, augmentant le contact des habitants avec la nature. On avait scientifiquement prouvé que cette proximité réduirait les épidémies, les maladies neurodégénératives et la folie capitaliste.
Les rayons révèlent un espace forestier entretenu, un vaste étang et la colline verdoyante. Impacts rythmés, mouvements engourdis, rumeur de voix nous révèlent alors les usages des lyonnais de cette journée de janvier 2068.
Description du projet
2068, la forêt a été introduite au coeur des villes, contribuant à la maîtrise du changement climatique. L’air et l’eau sont plus purs. Les rapports entre les gens apaisés. La pollution a beaucoup diminué. Les places sont désormais les poumons des villes. La faune s’est diversifiée et les espèces endémiques cohabitent avec quelques individus de groupes d’animaux d’Afrique ayant migré vers le nord.
Cette transition s’est accompagnée d’un mouvement musical aussi caractéristique de son époque que l’avait été le rock dans les années 1960, portant les espoirs et la ferveur de la jeunesse jusqu’à la réalisation de « l’utopie ».
Le son a tout d’abord été utilisé comme barrière sonore, contenant les animaux à l’écart des habitations, assurant l’indispensable sécurité des personnes, l’hygiène des espaces réservés aux humains, la sérénité et l’harmonie.
Les émetteurs ont été intégrés dans l’environnement urbain de manière à se fondre avec lui. Seule l’oreille permet de détecter leur présence.
Puis le gouvernement a commencé à utiliser les sons pour optimiser les flux de personnes, rendre la vie plus agréable, répartir les groupes. Petit à petit, mieux orienter les gens, interdire certains accès à certains endroits pour certaines catégories de personnes…
Les populations ayant délaissé les chaines d’information, le gouvernement a déployé des flottes de drones imposant l’information en continu dans les rues. La forêt a été étendue à toutes les places, empêchant les grands rassemblements.
Janvier 2068. De plus en plus, le son contraint les populations, régie les vies, insupporte. Sous l’apparente tranquillité de la forêt pousse désormais la chienlit. … bientôt il y aura un mai.
Les sons utilisés pour cette vidéo ont été enregistrés sur la place Saint Jean et dans le désert mexicain pour l’ambiance de 2068. Les sons non conventionnels ajoutés, proviennent de synthèse par modulation de fréquence et d’enregistrements d’instruments.